Indiana Jones, Tony Montana, Han Solo, John McLane, le Capitaine Haddock, Don Corleone, Tanguy… A la simple lecture de ces noms, des traits de caractères, des dialogues ou des scènes mythiques surgissent surement de votre mémoire. Tous ces personnages ont pour point commun d’être devenus iconiques dans notre culture populaire, tout cela grâce à une caractérisation forte. Tout aussi important que l’intrigue, les personnages, en particulier le protagoniste, sont LE socle d’une bonne histoire. A condition de savoir leur donner de la profondeur!
Différents personnages, différentes fonctions
Le protagoniste :
C’est LE personnage principal de votre histoire. A travers lui tout se joue : la thématique et l’intrigue dramatique se développent. Souvent on le nomme le « héros » de l’histoire. Car c’est bien souvent lui qui agit pour faire avancer l’intrigue et c’est à travers ses actions que l’auteur nous transmet son point de vue sur la vie.
Partant de ce principe, le public doit avoir un lien fort avec lui, plus important que les autres personnages. Il peut être un anti-héros, avoir commis des choses atroces… pourtant il doit provoquer de l’empathie chez le public. Ce dernier doit ressentir et comprendre ses émotions, se mettre à sa place. D’où l’importance de bien le caractériser, c’est à dire faire apparaitre ses motivations, ses valeurs, ses conflits internes…
Des récits peuvent intégrer plusieurs protagonistes. C’est le cas par exemple des Buddy-movie, ces films avec deux personnages que tout oppose qui vont devoir travailler ensemble (48 heures, L’Arme Fatale,…). Ce qui est important c’est que leur quête, leur motivation soit la même pour eux deux.
L’antagoniste :
Face au protagoniste, se trouve un antagoniste qui l’empêche d’atteindre son objectif. C’est souvent un personnage, un « méchant » pour reprendre un cliché des récits d’actions ou policiers (Fantomas !). Il peut prendre d’autres formes selon l’enjeu du protagoniste : il peut être une entité (une entreprise, une institution) ou soi-même (ses propres démons). Ces derniers cas restent minoritaires, il est souvent plus simple vis-à-vis du public de faire incarner cet antagoniste. Dans le cas où l’antagoniste est une entreprise, l’auteur pourra prendre le partie de la personnifier à travers un patron.
« Plus réussi est le méchant, plus réussi sera le film » (Alfred Hitchcock)
Attention tout de même aux clichés ! L’antagoniste n’est pas le MAL absolu. S’il agit d’une certaine manière, en contradiction avec le protagoniste, ses raisons sont motivées par une vision du monde propre à lui et bien souvent il se considère être dans le bien.
Le faire-valoir :
Un protagoniste avance rarement seul dans l’intrigue. Hors mis certains récits de conflits intérieurs (quoique…) il a toujours besoin d’une personne extérieure à la situation aux qualités complémentaires qui l’accompagne ou l’aiguille. C’est le faire-valoir :
Là encore, un écueil à éviter : bien des auteurs font de ces personnages des coquilles vides, sans caractérisation propre. Dans beaucoup de séries ou comédies américaines, le faire-valoir est le copain black ou gay qui rappelle au protagoniste à quel point il est content d’être son ami et lui conseille de faire telle ou telle action pour conquérir sa promise ! Ce personnage doit avoir sa propre vie et ses propres motivations !
Les personnages secondaires :
Les personnages secondaires ont plusieurs fonctions :
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Ils donnent du relief à l’intrigue. Le personnage principal n’est pas le seul impacté par le conflit. Dans Casino on voit les gangsters Sam Rothstein et Nicky Santoro réagir différemment au système mafieux qu’il ont mis en place à Las Vegas, ce qui aura pour conséquence de les opposer.
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Ils permettent de révéler des traits de personnalités ou des contradictions avec le protagoniste. Les amis Hobbit qui accompagnent Frodon dans Le Seigneur des Anneaux jouent ainsi ce rôle de révélateur de son vrai caractère et de son courage dans son périple.
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Ils apportent une vision différente et complémentaire du thème qui est développé (dans Voyage au bout de l’enfer, chaque personnage vit différemment son retour aux États-Unis… mais il reste pour chacun plus ou moins traumatisant).
Il ne faut pas abuser non plus des personnages secondaires. Intégrer trop de personnages secondaires dans un récit c’est prendre le risque de perdre l’attention du public au niveau de l’intrigue et être dans l’impossibilité de pouvoir développer tous ces personnages autant qu’on le voudrait.
Ces personnages restent au final comme leur noms l’indique « secondaires ». Ils sont moins présents dans le récit que le protagoniste. Il est donc recommandé de ne pas non trop les développer et ne leur donner qu’une caractéristique précise et non redondante avec d’autres personnages secondaires (humour, cynisme, avarice,etc.).
Une caractérisation indispensable
Tous les personnages d’un récit ont une fonction. Pour les rendre passionnant, l’auteur prendra soin de les caractériser. En clair : leur donner vie !
Attention, caractérisation et caractère sont deux aspects différents d’un personnage :
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La caractérisation : tous les éléments qui décrivent objectivement un personnage (âge, sexe quotient intellectuel, profession, style de discours et des gestes éducation, position dans la société, relation aux autres, comportements des autres à égards, passé caché…)
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Le caractère : ce qui nous est révélé par les choix ou actions sous pression (gestes, réactions, discours…)
Pour donner de l’ampleur et de la richesse à l’intrigue le protagoniste doit révéler ses contradictions entre sa caractérisation et son véritable caractère. Comme s’il se révélait à nous à travers ses actes.
Donner de la profondeur à un personnage c’est lui conférer plus d’humanité. C’est à travers sa destinée hors-norme que le public s’identifie et découvre la thématique développée par l’auteur.
Les contradictions dans la nature ou le comportement fixent la concentration du public. Donner vie à un personnage complexe est essentiel pour construire un récit profond et convaincant.
Construire un personnage
Déterminer ses motivations et sa quête
Raconter une histoire, c’est partir d’un personnage dont l’auteur choisit de révéler certains moments clefs de sa vie. L’auteur s’assure que le public s’identifie au personnage dans le récit en le caractérisant très tôt dans le récit.
Pour y arriver, il constitue une biographie du personnage. Il remonte très loin dans son passé pour sonder qui il est :
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Qui est le personnage ? Que veut-il ? De façon consciente ? Inconsciente ? Pourquoi ? Comment s’arrange-il pour l’obtenir ? Quelles conséquences ?
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Quel est le risque ? Qu’est-ce que le protagoniste risque de perdre s’il n’obtient rien de ce qu’il désire ? Plus spécifiquement quelle est la pire chose qui puisse arriver au protagoniste s il n’accomplit pas son désir ?
De ces réflexions vont naitre des postulats de caractérisation. L’auteur sélectionne les moments clefs qui expliqueront certains des comportements du personnage. Il est important de ne pas tout expliquer, garder un peu de mystère pour que le public se fasse son propre avis. Un exemple connu est le personnage de flic joué par Al Pacino dans Heat. Un meneur d’homme totalement dévoué à sa tâche. Quelqu’un de très speed et exigeant, mais un tel travailleur qu’il est passé à côté de sa vie de famille. Cette urgence devait à la base être retranscrite à l’écran par une scène ou l’on voyait l’inspecteur consommer de la cocaïne. Cette scène, trop explicite, a été finalement supprimée dans la version finale du film.
Le public doit pourtant comprendre clairement la motivation consciente du personnage. C’est cette motivation qui donne toute sa puissance à l’histoire et qui le rend si attachant aux yeux du public.
Ces enjeux peuvent être des dilemmes car ils impliquent des prises de risque voir des sacrifices de la part du protagoniste, ce qui va engendrer en lui des conflits intérieurs.
La motivation du protagoniste devra le mettre en mouvement. Pour qu’une fiction soit réussie, le protagoniste doit être dynamique : il agira face à ses dilemmes, ne fuira pas les conflits et ne souffrira pas sans se battre. Il sera animé de passions et d’émotions : cupidité, ambition, amour, vengeance, désir, jalousie… Au-delà de sa motivation il doit être en capacité de se transcender et d’atteindre son objectif.
Empathie et Antipathie
Qu’il soit sympathique ou antipathique, le protagoniste doit obligatoirement susciter l’intérêt du public. Pour cela, il dois être doté de traits de caractère qui vont l’humaniser, qu’il n’apparaisse ni comme un être parfait ni comme un être trop dur.
« Le personnage sympathique doit faire apparaitre des imperfections, le personnage antipathique des qualités »
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Le personnage sympathique :
Le personnage sympathique apparait dès le départ avec des traits aimables, séduisants. Ou alors il a (en apparence) une vie normale sans rien à redire. Dans ce cas, il faut vite le plonger dans le danger ou le malheur ! Le danger va susciter la crainte chez le public, les obstacles de la vie (maladie, chômage…) de la pitié. Dans les deux cas, le public aura de l’empathie et aura envie de le suivre dans son parcours.
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Le personnage antipathique :
Bonjour Damman
Encore une bonne et indispensable révision pour caractériser ses personnages. Une question se pose à moi. Il peut arriver qu’un protagoniste se fasse doubler par un autre personnage par manque de caractérisation alors le lecteur ou spectateur peut se tromper. Sauf que en principe le protagoniste doit se trouver dans toutes les scènes. Est-ce que ça ne suffit pas pour éclaircir le doute du vrai ou faux protagoniste.
A part ça Le site relooké est au top on peut lire même sans lunettes . Merci et bravo
Bonjour Dominique,
Merci pour vos encouragements 🙂
Le protagoniste est le personnage que le public dois naturellement avoir envie de suivre. Il apparait effectivement dans beaucoup de scènes. Il subit un événement important (l’incident déclencheur) et se fixe un objectif suite à cela pour résoudre son problème. A travers cet exemple on voit bien que le protagoniste est au centre de l’action et que pour atteindre son objectif il sera le personnage qui devra traverser le plus d’obstacles et mine de rien ces obstacles vont favoriser l’empathie du public.
Il arrive que certains personnages secondaires remportent l’adhésion du public, voire plus que le personnage principal. Si c’est le cas c’est bien souvent parce que 1. le personnage principal manque d’épaisseur/de complexité et que 2. le personnage secondaire a des traits de caractères attachants. Un exemple populaire récent est Luke Skywalker et Han Solo dans Star Wars. Si on analyse leurs cas il apparait un point important : c’est celui qui subit le plus d obstacles et surtout les obstacles les plus forts que le public préférera suivre. Han Solo a certes de l’humour mais on se demande toujours comment avec son Faucon Millenium en piteux état il pourra s’échapper à des adversaires bien mieux armés. Alors que Luke Skywalker lui parfois doute… mais la force est avec lui 😉 En clair assurer vous que le protagoniste est le personnage qui dois subir le plus d’obstacles, et en particulier les plus forts.
Est-ce le fruit de nos echanges? Je prépare un autre article qui a pour but de donner des astuces pour favoriser l’empathie du public pour le personnages principal 🙂
Damman